Réflexions partagées

La manipulation

Du mensonge (dernier thème abordé) à la manipulation, il n’y avait qu’un pas puisque le mensonge est un outil de la manipulation: on transforme la réalité (mensonge) pour parvenir à ses fins (manipulation). Ayant été dit que nous mentons en moyenne deux fois par jour, je vous laisse évaluer dans quelle mesure nous pouvons être manipulés… et manipulateurs!

Chacun de nous, pour atteindre ses objectifs, met en place des stratégies et des manières de procéder qui relèvent de la manipulation. « Manipulation », du latin manipulus, poignée, et de manus, main, évoque une intention consciente visant à la transformation ou à la production de quelque chose.

Cela n’offusque personne tant que l’humain manipule un objet pour en produire un autre: le boulanger manipule la pâte pour la transformer en baguette; le maçon manipule la truelle pour monter un mur; le poète manipule sa plume pour écrire un mot… Mais on accepte mal l’idée qu’un humain manipule un autre être humain, le ravalant ainsi au rang d’objet dont il pourrait faire ce qu’il veut.

Ainsi, quand cela concerne les interactions humaines, l’idée de manipulation suscite immédiatement un réflexe de rejet de l’autre (associé à la tromperie et la perversité) et un sentiment de peur pour soi (perdre le contrôle, être sous influence, être la marionnette de l’autre). On parle alors de « manipulation mentale ».

Pour autant, des auteurs comme Watzlawick soulignent que dès lors que nous sommes en interaction avec une autre personne, on ne peut pas ne pas communiquer et que lorsqu’on communique, on ne peut pas ne pas influencer. Dès que nous sommes en relation avec quelqu’un, il nous influence et nous l’influençons. Impossible donc de « débarrasser » les relations humaines de ses composantes de manipulation, de séduction, et d’ influence.

Le simple fait de faire en sorte de susciter un certain type de sentiment chez l’autre, de faire ce qu’il faut pour lui plaire, de tenter de le séduire relèvent de la manipulation. A cet égard, l’étymologie de « séduire » est révélatrice: du latin seducere, « séduire » signifie « détourner du droit chemin », « entraîner quelqu’un à commettre des fautes »,« induire en erreur, faire s’égarer ». Et c’est bien cela qui fait peur lorsqu’on évoque la manipulation mentale: le risque de s’égarer, de faire des choses que nous n’aurions pas faites si… si nous n’avions pas été sous l’influence d’une personne ayant pris le contrôle de nos actions et de nos sentiments.

Plus précisément, ce que l’on craint, c’est «l’après-coup ». Ce possible réveil qui nous rendrait conscients, à même de faire le constat que l’on s’était égaré, et regrettant les choix faits, les actions réalisées. C’est cela qui nous fait froid dans le dos.

Dès que l’on se pose des questions telle que « Est-ce que je désire vraiment faire cette chose ou est-ce que je me sens poussé à la faire ? », on cesse d’être manipulable. Pour se protéger de la manipulation, il faut donc s’interroger sur ce qui motive nos actions. Ce motif est-il interne (nos choix, nos valeurs, …) ou externe (les choix et valeurs de quelqu’un d’autre)? Pour quoi, ou pour qui, faisons-nous ce que nous faisons?

La manipulation est dite mentale. Cela peut s’entendre de deux façons, qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre: l’autre manipule notre mental et/ou notre mental nous manipule. Quoiqu’il en soit, le processus est le même.

C’est dans la connaissance de soi que se trouve la clé contre toute manipulation mentale.

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